lundi 23 mars 2015

Femmes et orchestre symphoniques en France : où en est-on en 2015 ? Partie 6 : Discussion et conclusion


Les principales informations observées après l'analyse de la proportion de femmes aux différents pupitres de l'orchestre sont les suivantes :

- Le pupitre des harpes reste complètement dominé par les femmes , où elles représentent 80 % des effectifs

- Les femmes sont très présentes aux pupitres des cordes frottées, en particulier les violons : plus l'instrument a un registre aigu, plus les femmes son présentes : elles sont majoritaires au pupitres des violons, et font jeu égal avec les hommes aux altos: en revanche elles ne représentent que 20 % des contrebassistes.

- Au niveau des pupitres des bois, les femmes sont très présentes sur la section des flûtes où elles sont majoritaires : au niveau des autres bois, elles représentent un peu moins de 20 % des effectifs, sans différence significative entre instruments

-  Les femmes sont quasi-absentes du pupitres des cuivres : la seule section où leur présence est significative est la section des cors, et même dans ce cas, elles ne représentent que moins de 10 % des effectifs

- Les femmes sont très peu présentes aux percussions.

- Quasi absence des femmes à la direction d'orchestre

Ces observations sont remarquablement similaires à celles observées par Subin Raman en 2014 dans son étude sur la répartition des instrumentistes de l'orchestre par genre sur un nombre similaires d'orchestre aux Etats Unis (20) représentant un nombre similaire de musiciens (1833)

http://subyraman.tumblr.com/post/102965074088/graphing-gender-in-americas-top-orchestras

En particulier, la proportion des femmes dans les orchestres américains est très similaire à celles observée dans les orchestres français. Les proportions des femmes dans les instruments à cordes sont aussi très proches : parmi les bois, là encore, les flûtes sont surreprésentées  ; de même, parmi les cuivres, le cor est le seul avec un effectif significatif féminin.
Si les femmes sont plus représentées dans certaines sections dans les orchestres américains (notamment, la proportion des femmes cornistes (et cuivres en général), hautboistes, bassonnistes est plus élevée par rapport à la France  ; à l'opposé, les femmes sont plus présentes au pupitre des contrebasses en France), dans l'ensemble, les chiffres observés aux Etats Unis et en France sont très similaires.

Si la proportion des femmes dans les orchestres est notable, proche de 40 % des effectifs, elles restent confinées dans certaines sections, en particulier les cordes, et, parmi les autres instruments, la flûte et la harpe. Du fait que les cordes représentent la majorité des instrumentistes, en particulier les violons où les femmes sont souvent majoritaires, la proportion  de femmes semble paritaire. Mais, en réalité, les femmes sont extrêmement sous représentées dans la plupart des sections de l'orchestre  : les bois, à l'exception des flûtes, et surtout, cuivres et percussions, où elles sont quasi-absentes.

Les clichés sur l"association entre instruments "masculins" (cuivres, percussions, cordes graves), et "féminins" (harpe, flûte, instruments à cordes aigus tels que le violon) persistent encore en 2015, et cela s'observe de manière évidente au niveau des pupitres d'orchestre.

Globalement, il est observé une amélioration modérée en terme quantitatif en terme de proportion des femmes (37 % en 2015 contre 30 % en 1994), mais qualitativement,  il n'y a pas de changement très significatif en terme de répartition au niveau des pupitres.  http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=5&ved=0CD8QFjAE&url=http%3A%2F%2Fwww.culturecommunication.gouv.fr%2Fcontent%2Fdownload%2F79680%2F603215%2Fversion%2F1%2Ffile%2FDC-103.pdf&ei=tKsQVYX8L4nbaPuOgIAL&usg=AFQjCNHw3ZecFd8DIpa1HJWEu4_SITJWJA&sig2=ENtCic9-TpjoVBNXdmB0JA&bvm=bv.89184060,d.d2s

Les chiffres observés en 2015 ne sont pas non  très différents de ceux relevés par l'Association française des Orchestres en 2001, comme cités par Hyacinthe Ravet (à l'exception des percussions et des bois (et encore, le chiffre cité pour les bois (15 %) correspond  à ceux obtenus pour les bois, à l'exclusion de la flûte) : domination nette au niveau des harpes,  quasi-parité pour les cordes, quasi-absence chez les cuivres.

Hyacinthe  Ravet,  « Professionnalisation  féminine  et  féminisation  d’une  profession :  les
artistes interprètes de musique », Travail, genre et sociétés, 2003/1, pp. 174- 181. 
 
Au final, la répartition des femmes au niveau des différents pupitres d'orchestre n'a que modérément évolué au cours des deux dernières décennies, avec toujours certains pupitres qui sont désertés par les femmes.

De même, la direction d'orchestre encore reste encore le quasi-monopole des hommes. Les clichés hommes-femmes ont encore la vie dure dans les orchestres français.

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