jeudi 30 avril 2020

Césars 2020 : césars de la honte? Ou palmarès logique? Une analyse.


L’édition 2020 des Césars, qui devait récompenser les meilleurs films français de 2019 a été de loin la plus mouvementée, du fait des nominations, puis des victoires du film « J’accuse » de Roman Polanski, suite aux polémiques liées aux accusations de viol visant le réalisateur, ainsi que sa condamnation sur l’affaire Samantha Geimer. Mais, au delà des controverses, comment analyser le palmarès, en particulier celui des 7 films nominés au César du meilleur film qui dominaient la compétition, étant tous nominés dans au moins 7 catégories?

Voici la liste de ces films :
- Les Miserables, de Ladj Ly
- Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma
- Roubaix, une lumière, d’Arnaud Desplechin
- J’accuse, de Roman Polanski
- La belle époque, de Nicolas Bedos
- Hors Normes, d’Eric Toledano et Olivier Nakache
- Grâce à Dieu, de François Ozon

1) Synthèse des récompenses dans les festivals internationaux ou les compétitions majeures (Golden Globe, BAFTA, Oscars …)

Dans ce domaine, « Les misérables » et « Portrait de la jeune fille en feu » dominent largement :

Les Misérables : 1 prix majeur (prix du Jury) à Cannes, plus 2 prix mineurs; 1 victoire aux European Film Awards (prix FIPRESCI découverte européen (équivalent EFA premier film) pour 3 nominations, victoire meilleur film européen aux Goya (Césars cinéma espagnol), et nominations meilleur film étranger aux Golden Globes et aux Oscars
A noter néanmoins que pour son unique victoire aux EFA, le film n’était pas en compétition avec les autres films ayant reçu des nominations majeures; et que le film a perdu le prix du scénario devant « Portrait de la jeune fille en feu ». Oscars et Golden Globes : échec prévisible devant « Parasite »

 « Portrait de la jeune fille en feu » : 1 prix majeur (scénario) au Festival de Cannes, plus 1 prix mineur ; 2 victoires aux European Film Awards (EFA), dont 1 majeure,  celle du scénario, pour 5 nominations; Nominations film étranger aux Golden Globes, et aux BAFTA, + nomination au Goya meilleur film européen.
A noter la victoire de Céline Sciamma pour le scénario, devant « J’accuse » et « Les Misérables », mais sans la compétition de « La Favorite », grande gagnante de l’édition EFA de l’année, qui a presque tout remporté. Mais aussi l’échec aux Goya devant « Les Misérables » , et, celui plus prévisibles, aux BAFTA et aux Globes devant »Parasite »

Après ces 2 films, « J’accuse » suit de très près en terme de récompenses et nominations :
- Mostra de Venise : 1 prix majeur (grand prix du jury (Lion d’argent), + Prix FIPRESCI (+ 2 prix mineurs). De plus, 4 nominations aux EFA, mais aucun prix : grand perdant de la cérémonie.

Ensuite, vient « Grâce à Dieu », avec son ours d’argent (Grand prix du jury) à la Berlinale.

Aucun des trois autres films n’a gagné de prix notable dans les festivals majeurs internationaux, ou de nominations.
« Roubaix une lumière » était en compétition au Festival de Cannes, Hors Normes et La Belle époque étaient présentés hors compétition.

Bilan : Parmi les 7 nominés, « Les Misérables, », « Portrait de la jeune fille en feu » et « J’accuse semblaient les mieux placés dans la compétition, avec « Grâce à Dieu » en embuscade; les 3 autres films semblaient relativement à la marge.


2) Lumières de la presse internationale  : Analyse des nominations  et palmarès.

Equivalent des Golden Globes dans le cinéma français, les Lumières de la presse internationale permettent une première compétition des films français entre eux, sans films internationaux opposés à eux.
Sur les 7 films nominés aux César du meilleur film, classés en fonction des victoires

- Les Misérables » : 7 nominations; 3 victoires, dont la plus prestigieuse (meilleur film), meilleur scénario et meilleur révélation masculine
- Portrait de la jeune fille en feu » ; 4 nominations, 2 victoires (meilleure actrice (Noémie Merlant), et meilleure photo (Claire Mathon)
- J’accuse : 5 nominations, 1 victoire : meilleure réalisation (Roman Polanski)
- Roubaix, une lumière : 4 nominations, 1 victoire ; meilleur acteur (Roschdy Zem),
- Grâce à Dieu ; 5 nominations, aucune victoire
- La belle époque : 3 nominations, aucune victoire
- Hors normes : aucune nomination

Analyse : le palmarès semble respecter la hiérarchie des festivals internationaux : « Les Misérables », grands vainqueur, 3 prix dont 2 majeurs, 2 prix, dont 1 majeur pour « Portrait de la jeune fille en feu » et 1 prix majeur pour « J’accuse ». Inversion hiérarchique entre « Roubaix une lumière » et « Grâce à Dieu », avec la victoire de Roschdy Zem ; le film de Ozon est le grand perdant. Défaite logique de « La belle époque » et « Hors normes » n’a pas attiré l’attention.
A noter que « Portrait de la jeune fille en feu » n’était pas nominé dans la catégorie « scénario »


3) Césars
Bilan nominations
12 nominations pour « J’accuse » et « Les Misérables » (dont César du public pour le second), 11 pour « La belle époque », 10 pour « Portrait de la jeune fille en feu » et « Hors normes » (pour ce deuxième film, cela inclut le César du Public et celui des lycéens), 8 pour « Grâce à Dieu » et 7 pour « Roubaix, une lumière »
A noter que les Césars incluent de nombreuses catégories absentes des « Lumières »

Analyse globale du palmarès : aucun film ne domine nettement : les 6 prix majeurs sont repartis sur 5 films, les 4 prix d’interprétation mineurs sont aussi répartis sur 4 films, et les 6 césars techniques sur 6 films : hors César du public, aucun film ne gagne plus de 3 césars.

Analyse détaillé du palmarès par film

« Les Misérables » : 3 césars : meilleur film, meilleur espoir masculin, meilleur montage ; + César du Public.
Analyse : la victoire du film était prévisible, et son riche palmarès est cohérent avec son prestige international et ses récompenses au Lumières : à noter la surprise de la défaite dans la catégorie « Meilleur scénario original », pourtant gagné aux Lumières. Mais, dans l’ensemble, le nombre de victoires du film est cohérent avec ses récompenses antérieures. (À noter que Cannes avait distingué le montage)

« J’accuse » : 3 césars : meilleur réalisation, meilleure scénario adapté, et meilleurs costumes.
En dépit de la polémique, ce palmarès est relativement logique en rapport avec le palmarès antérieur du film. Roman Polanski avait déjà reçu le Lumière du meilleur réalisateur ; le film a aussi bénéficié de la séparation « meilleur scénario original » et « meilleur adaptation », en gagnant un prix du scénario face à une compétition bien moins forte que pour le scénario original; « J’accuse » devient ainsi le seul film à recevoir 2 césars majeurs. Enfin, le film gagne un césar technique : les costumes.

« Grâce à Dieu » : 1 seul césar, meilleur second rôle masculin ; le film apparaît comme un des grands perdants, mais il sauve l’honneur comparé aux Lumières où la défaite avait été encore plus cinglante ; le film doit sa victoire à la présence du prix du meilleur second rôle masculin, où le vainqueur avait précédemment perdu au Lumières dans la catégorie « Meilleur acteur »

- « Roubaix, une lumière » : 1 césar, mais un majeur, celui du meilleur acteur : palmarès qui suit la logique de celui des « Lumières »

-« Hors normes »  : Aucun césar, lors de la cérémonie, (césar des lycéen reçu ultérieurement) : palmarès logique, le film étant de loin celui ayant le moins de prestige.

Pour ces 5 films (eh oui, « J’accuse » en fait partie, n’en déplaise aux militantes féministes), les césars semblent avoir attribué les récompenses assez justement, au vu des palmarès antérieurs des films.
En revanche, pour les 2 films suivants, la discordance est patente.

-«  La Belle époque »: 3 césars : meilleurs décors, meilleur second rôle féminin, meilleur scénario original. C’est certainement la grande surprise, le film étant, après « Hors Normes » celui qui bénéficiait du prestige international le plus modeste, et qui, bien que nominé aux Lumières était parti bredouille.

Mais surtout, l’autre grande surprise a été
-« Portrait de la jeune fille en feu » ; 1 seul césar, et en plus un césar technique : meilleure photographie pour Claire Mathon (déjà distinguée à Cannes et aux Lumières) ; aucun césar prestigieux.

Il est incontestable que le film de Céline Sciamma a été le grand perdant de la cérémonie, et que la maigreur de son palmarès est en complète discordance avec son fort prestigieux palmarès international. Il n’est nul besoin d’être militant féministe pour le reconnaître. Mais comment expliquer un tel camouflet? Beaucoup vont parler du sexisme des votants de l’académie des Césars comme cause majeure de l’échec du film au Césars. Mais une analyse plus poussée indique que les causes de l’échec du film de Sciamma sont multiples.

- Le sexisme des votants est peut être intervenu, accentué par un possible agacement face à la campagne d’Adele Haenel et Céline Sciamma contre le film de Polanski. Mais il faut noter que tant Adele Haenel que Céline Sciamma avaient déjà reçu des nominations, et surtout des victoires aux Césars (1 pour Céline Sciamma, 2 pour Adele Haenel) ; elles ne peuvent affirmer facilement que les votants de l’Académie les snobe. Aussi, le rôle du sexisme dans la défaite du film est certainement le plus difficile à quantifier.

- Une compétition très intense, qui d’emblée, rendait difficile l’obtention de prix multiples ; comme signalé, les récompenses ont été très dispersées entre les différents films : dans une telle situation, le film de Sciamma ne pouvait guère espérer plus de 2 ou 3 récompenses.  Au vu de son palmarès antérieurs, les 3 récompenses les plus probables étaient « Meilleur photographie », que le film a remporté, et, parmi les prestigieux, « Meilleur scénario original » et « Meilleur actrice ». Pour ces deux derniers prix, l’échec du film peut s’expliquer pour les raisons qui suivent

- Le biais favorable de l’Académie des Césars envers « La belle époque » : la plus grande surprise a été la victoire du film au scénario original, devant « Les misérables » et « Portrait de la jeune fille en feu »; le film de Nicolas Bedos a coûté au film de Sciamma le césar du scénario original (ainsi qu’à Ladj Ly). On peut imaginer que l’élément nostalgique du film a touché tout particulièrement les votants de l’académie.

- Par contre, pour le césar de la meilleure actrice, il est plus que probable que le film a été son propre pire ennemi, avec ses deux actrices nominées dans la même catégorie. L’échec du film est à rapprocher de celui de « All about Eve » aux Oscars, lorsque Bette Davis et Anne Baxter étaient nominées dans la même catégorie, et qu’une troisième actrice, Judy Holliday, qui jouait dans un autre film, a gagné. Aux Lumières, seule Noémie Merlant était nominée, et a ainsi pu bénéficier de la victoire. Mais, pour les Césars, Adele Haenel et Noemie Merlant se sont partagées les voix en faveur du film de Sciamma, ce qui a favorisé une troisième actrice qui a remporté la victoire : Anais Demoustier pour « Alice et le maire ». Et il faut noter que cette récompense a été considérée comme méritée.

Quelques éléments sur Alice et le Maire ; le film bénéficiait d’un raisonnable prestige international ( en compétition à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, avec un prix) et avait reçu 3 nominations aux Lumières (dont meilleur actrice) sans victoire. Son unique victoire aux Césars était relativement logique.

Quant aux autres lauréats des Césars, qui comprennent « Papicha » et « J’ai perdu mon corps » avec 2 récompenses, là encore, le palmarès est peu contestable.

Conclusion:
Dans l’ensemble le palmarès des Césars a été juste envers les films en compétition, avec des récompenses logiques au vu du pedigree des nominés. Mais « Portrait de la jeune fille en feu » a été incontestablement boudé par les votants. Néanmoins, bien plus que « J’accuse », le film qui a probablement bénéficié de la faveur des Césars  au détriment du film de Sciamma a été « La Belle époque », quand on compare ses 3 césars avec son absence de palmarès notable par ailleurs. De plus, attribuer au seul sexisme la défaite du film de Sciamma est incontestablement erroné, au vu des multiples facteurs qui se sont conjugués au détriment du film.

mardi 22 octobre 2019

Feminicides et catégories socio-professionnelles : quelle corrélation?

Les études sur les violences conjugales montrent que la majorité des meurtres conjugaux sont commis par des hommes qui tuent leur compagne. Si le sexisme et le patriarcat sont évoqués non sans raison pour expliquer ces morts violentes, le sexe masculin n'est néanmoins pas le seul facteur déterminant. Cette étude porte sur un période de 5 ans (2014 à 2018), et elle va comparer la population globale des hommes en fonction de la catégorie socio-professionnelle comparée à la population des auteurs de meurtres conjugaux ; les statistiques viennent de l'INSEE pour les CSP, et du ministère de l'intérieur pour les auteurs de meurtres conjugaux. Bien que les statistiques des meurtres conjugaux incluent aussi les femmes, qui représentent entre 12 et 20 % des auteurs, par souci de simplicité, il sera admis que la proportion des hommes et des femmes est égale par catégorie socio-professionnelle. Cela entraîne néanmoins quelques biais; il est probable que la proportion des femmes parmi les employés meurtriers conjugaux soit plus importante, du fait de la surreprésentation des femmes dans cette catégorie. Néanmoins, voici les statistiques:

2014                                    Total          Auteurs féminicides             Ratio Auteurs/Total

Cadres +
Profession intermédiaires     25,1               4,9                                     0,19

Ouvriers                                20,4             8,39                                       0,41

Employés                             7,9                9,79                                     1,24

Inactifs                               39,9               67,13                                     1,68

Autres                                 6,4                9,79                                       1,53




2015                                    Total          Auteurs féminicides             Ratio Auteurs/Total

Cadres +
Profession intermédiaires     25,1               6,62                                     0,26

Ouvriers                                20,2             8,82                                       0,44

Employés                             8,0                12,5                                     1,56

Inactifs                              40,1              66,91                                     1,67

Autres                                 6,4                5,15                                       1,19



2016                                    Total          Auteurs féminicides             Ratio Auteurs/Total

Cadres +
Profession intermédiaires     25,1               7,24                                    0,29

Ouvriers                                20,0             8,70                                     0,44

Employés                            7,7                16,67                                   2,16

Inactifs                              40,4              58,69                                    1,45

Autres                                 6,5                9,7                                     1,49




2017                                    Total          Auteurs féminicides             Ratio Auteurs/Total

Cadres +
Profession intermédiaires     25,1               3,2                                   0,13

Ouvriers                                20,2             8,00                                   0,40

Employés                            7,8                19,2                                 2,46

Inactifs                              40,4              64,8                                    1,60

Autres                                 6,3                4,8                                     0,76


2018                                    Total          Auteurs féminicides             Ratio Auteurs/Total

Cadres +
Profession intermédiaires     25,4               3,3                                   0,13

Ouvriers                                19,7             8,10                                   0,41

Employés                            7,8                12,8                                 1,64

Inactifs                              40,4              71,8                                    1,78

Autres                                 6,3                4,0                                     0,63


Quelques commentaires 

- D'une année à une autre, peu de changements de la répartition de la population  entre les différentes catégories socio-professionnelles. 
- Les inactifs représentent près de 40% de la population, mais en moyenne entre 60 et 70 % des féminicides : odds ratio élevé et stable entre 1,5 et 1,8
- Parmi les professions les moins touchées par les féminicides : les cadres et professions intermédiaires, qui, bien qu'elles représentent près de 25% de la population, n'atteint jamais les 8% des auteurs de féminicides, avec souvent moins de 5% : odds ratio entre 0,15 et 0,3
- Du fait de leur faible nombres, agriculteurs, artisans, commerçants et chefs d'entreprise (réunis dans "Autres") ont une grande variabilité d'année en année:  odds ratio entre 0,6 et 1,5, avec une tendance à la diminution
- Ratio faibles et très stables chez les ouvriers : près de 0,4 
- Grande variations chez les employés, qui, proportionnellement, ont parfois les odds ratio supérieurs à 2, avec une augmentation majeure de 2014 à 2017, puis une chute en 2018. odds ratio de 1,24 à 2,46


- Globalement, il est à noter que les employés + inactifs, s'ils représentent moins de 50% de la population masculine, représentent à eux seuls entre 75 et 84% des féminicides. 
A l'opposé, les professions les plus favorisées (cadres + professions intermédiaires), n'en représentent que 3 à 8%bien que constituant 25% de la population. 
Cela signifie qu'à sexe équivalent, un homme de PCS peu prestigieux, avec soit rémunération faible, soit isolement du fait de la retraite,  aura 5 à 10 fois plus de probabilité de tuer sa conjointe qu'un homme compris dans les 2 PCS les plus prestigieuses. C'est quasi-équivalent au ratio hommes/femmes dans les auteurs de meurtres conjugaux, qui oscille entre 4 et 8, voire même plus élevé. 

Cela signifie que le lien entre féminicide et domination masculine est plus subtil qu'il n'y paraît, puisque c'est paradoxalement, au sein de la population masculine, le groupe masculin  qui a le rôle le plus dominant en société (cadres et professions intermédiaires) qui commet le moins de féminicides, et que la majorité des auteurs de féminicides sont inclus dans des groupes plutôt marginaux (inactifs non retraités, qui représentent 30 à 40 % des auteurs (chiffres non détaillés), fragilisés et souvent isolés socialement (retraités, qui représentent près de 30 % des auteurs (taux stable d'année en année, non détaillés) ou bien occupant une profession souvent peu valorisée et mal payée (employés). Ces hommes surreprésentés parmi les auteurs de féminicides sont plutôt les perdants du système patriarcal, plutôt que les gagnants.
Comment expliquer ce paradoxe? 

- Explication 1: l'un des principaux déclencheurs de la violence chez les hommes est la crainte de perte de virilité, et l'utilisation de la violence et de la domination comme moyen de conjurer cette crainte : ayant honte de leur statut de ratés au niveau social (le statut social est un marqueur de masculinité chez beaucoup d'hommes), ils se prouvent à eux mêmes leur virilité en dominant au moins leur compagne : l'utilisation de la domination masculine serait un phénomène de compensation

- Explication 2 : Les hommes à statut socio-professionnel élevé ont beaucoup à perdre s'ils commettent un meurtre: même s'ils ne peuvent conserver leur "chose féminine", ils sont moins tentés de se livrer à un acte suicidaire, qu'il soit effectif (1/3 des auteurs de féminicides se suicident, et si les tentatives de suicide sont incluses, le chiffre monte à près de 50%) ou au moins social (arrestation, incarcération, perte de la garde des enfants). Ayant un statut social dont ils sont fiers, ils voudront conserver ce marqueur de masculinité. A l'opposé, les inactifs et employés n'ont pas de statut social qui semble valoir la peine d'être conservé s'ils perdent le contrôle sur leur épouse, et la perte de contrôle sur leur compagne leur arrache tout ce qu'il leur reste de masculinité, puisqu'ils ne disposent pas de celle associée au statut social.

- Explication 3: Les hommes appartenant à des PCS élevées  peuvent plus facilement remplacer leur compagne que ceux à PCS basse: ils accepteront plus facilement une rupture, car ils pourront trouver plus facilement une remplaçante, et donc ils ne sentiront pas leur virilité menacée.

-Explication 4: le paradoxe de l'ouvrier, qui, bien qu'appartenant à une PCS basse, est sous représenté parmi les auteurs de féminicides : explication : leur métier d'ouvrier est associé au symbole viril: bien que moins qualifié et moins bien payé, leur statut d'ouvrier, associé souvent à la force, leur apporte une image virile réconfortante pour eux-mêmes, limitant cette angoisse dévirilisante, qui est le moteur de la violence contre les femmes qui aboutit au féminicide. 


Au final, le principal moteur du féminicide est certes le désir de contrôle des femmes dans le contexte de la société patriarcale, mais elle est presque toujours associé à un statut précaire de virilité chez les hommes les plus à risque de la commettre, en particulier du fait de leur statut social bas. Aussi, la protection des femmes contre les meurtres conjugaux doit inclure, outre une prise en charge de l'homme potentiellement violent pour lutter contre sa mentalité sexiste, mais nécessite aussi de prendre en compte le contexte social de l'auteur, comprendre comment il entraîne une angoisse de perte de virilité chez l'auteur de violences, et donc favorise le comportement violent, possessif et meurtrier comme reflexe de compensation, et surtout, aider à trouver des moyens afin de permettre à ses hommes de diminuer leurs angoisses de perte de virilité, par des définitions alternatives de masculinité que celles de la masculinité traditionnelle (domination sur les autres, statut social élevé, besoin de déployer sa force physique pour imposer le pouvoir sur l'autre).









 













samedi 23 mai 2015

Women and symphony orchestras : a comparison of 5 countries

This post is gonna be a summary in ENglish of all the previous posts in French, and has as an aim to compare five countries and the percentage of women in their orchestras, and by instrument.

27 French orchestras, 13 Canadians orchestras, 10 Swiss orchestras, 18 orchestras from the UK and 8 orchestras from Australia and New Zealand have been studied. The number of musicians and the number of women have been assessed by visiting the official website of the orchestras, counting the number of musicians and identifying the women among them. When pictures of the musicians weren't shown, a little risk of error might happen, because nome first names are ambiguous, but the total error remains very small. Piccolos are included in flutes, cor anglais in oboe, bassclarinet in clarinet and contrebassoon in bassoons.
Conductors are mostly men, and only a handful of women has been found among them in all the orchestras studied together.
However women are more numerous among instrumentists, as seen there. 


  Percentage of women in orchestras
Country      France     Canada    Switzerland     United Kingdom    Australia +New Zealand
Nb orch         27              13               10                        18                                     8

Total               37             45              39                         40                                    46

Strings
            
Violin            59              61               60                         57                                   66
Solo Vl          46              52               45                         50                                    46

Viola            50               40               51                       45                                      53
Solo Va        33                27                43                      34                                      35

Cello            38              49                38                        50                                     40 
Solo Vc        30              32                16                        29                                     28

Bass             19               15                 10                        23                                    17
Solo Cb        26               21                 0                           8                                    12.5

Wood-
Winds

Flute           57               82                57                        57                                    75

Oboe           20               58                24                        54                                    48

Clarinet      19               39               11                         18                                    20

Bassoon      18               41                29                        33                                    58


Brass

Horns          9                 45                  9                         13                                    38 

Trumpet      3                  13                 6                          4                                     14

Trombone   0                 17                 4                          8                                       0

Tuba            0                 8                 20                          0                                      0

Others

Percussion     7            13.5             11                           9                                    12 

Harp             80            89                92                         71                                  100





Conclusions  

In all five countries (6 actually, but Australia and New Zealand are grouped together), women are a big part of the orchestra but not the majority, between 37% (France) and 46 % (Australia/NZ). Men still ounumber women, but parity is slowly reaching orchestras.
The most interesting element of those comparisons is that all orchestras have similar trends in a lot of groups : harps, flutes are mostly women, among violins, women are the majority, there is roughly an even number of men and women for viols and cellos. For a same string instrument, there are less women among solo players than among the total players.

Groups with few women are always the same : basses, percussions, brass instruments (except horns in a few cases).

Some instruments show variable patterns depending on the countries, notably woodwinds other than flutes, and horns among the brass : while horn players aren't many in European countries, in Canada and Australia+NZ, more than 1/3 of horn players are women.
While in France, oboists are only 20% women, Canada and the UK have a majority of women among oboists, and Australia+NZ women are almost 50 % of all oboists.
Bassoons also vary a lot between countries : less than 20% in France, but more than half in Australia+NZ  of bassoonists  are women, with other countries being between.

Usually, when the percentage of total women in orchestras is higher, the number of women playing wind instruments is higher as well.




Femmes et orchestres symphoniques : orchestres océaniens (Australie et Nouvelle Zélande)

Cette étude a examiné les orchestres d'Océanie, les six orchestres nationaux australiens (les orchestres de Sydney, Melbourne, du Queensland, d'Adélaïde, le West Australian, et l'orchestre de Tasmanie), ainsi que les deux principaux orchestres néo-zélandais (New Zeland Symphony Orchestra et le Philhamonique d'Aukland). La méthodologie reste la même que pour les travaux précédents.

Chefs d'orchestre

Comme dans le reste du monde, le métier de chef d'orchestre reste masculin : sur les 8 orchestres (15 chef principaux), pas un seul n'avait de femme chef d'orchestre : à noter cependant que sur les 15 chefs invités du Queensland, on note 4 femmes.

Musiciens

Ces 8 orchestres représentent un total de 595 musiciens. Dans ce total, on compte 274 femmes, ce qui représente 46% du total, soit une quasi parité.
Cependant, là encore, il est important d'observer la féminisation des différents pupitres.

Cordes

Violons : Sur 193 musiciens, il est observé 127 femmes, soit 66 % du total, soit près des 2/3 : les violons représentant près du tiers de l'ensemble des musiciens, la grande féminisation de ce pupitre là encore a un rôle majeur dans la féminisation de l'orchestre : les femmes violonistes représentent près de la moitié de l'ensemble des musiciennes. En revanche, la proportion des femmes reste moindre chez les solistes : 21 femmes sur un total de 46, soit 46 % du total.

Altos : Sur 72 musiciens, il est observé 38 femmes, soit 53 % du total, soit une courte majorité : en revanche, sur 17 solistes répertoriés, il n' a que 6 femmes, soit 35 %.

Violoncelles : Sur 63 musiciens, 25 femmes sont observées, soit 40 % du total  ; sur 18 solistes, 5 femmes, soit 28 %.

Contrebasses : Sur 48 musiciens, 8 femmes sont observées, soit 17 % du total ; sur 16 solistes, 2 femmes, soit 12,5 %.


Bois

Flûtes : Sur 24 flûtistes, il est observé  18 femmes, soit 75 % du total

Hautbois : Sur 25 hautboïstes, il est observé 12 femmes, soit 48 % du total

Clarinettes : Sur 25 clarinettistes, il est observé 5 femmes, soit 20 % du total

Bassons : Sur 24 bassonistes, il est observé 14 femmes, soit 58 % du total


Cuivres

Cors : Sur 37 cornistes, il est observé 14 femmes, soit 38 % du total

Trompettes : Sur 22 trompettistes, il est compté 3 femmes, soit 14 % du total

Trombones et tubas : Sur 22 trombonistes et 8 tubistes, aucune femme


Autres

Percussions : Sur 25 percussionnistes, 3 femmes sont observées, soit 12 % du total

Harpes : Toutes les harpistes (7 au total) étaient des femmes (100%)

Conclusion

Comme pour les autres pays étudiés, la féminisation des orchestres suit le profil typique : féminisation très importante des pupitres des harpes et flûtes, forte féminisation des violons (ici, plus de 60 %), relative parité pour les altos et violoncelles (ici, courte majorité pour les altos, et près de 40 % des violoncellistes). Cependant, là encore, la proportion de femmes solistes chez les cordes est moindre que la proportion au total.
Là encore, les pupitres peu féminisés sont retrouvés au niveau des cuivres et percussions ( à peine plus de 10 % des trompettes et percussions, aucune tromboniste ou tubiste), et chez les cordes, peu de contrebassistes (17 %).

En revanche, la féminisation des orchestres océaniens reste importante par rapport à d'autres pays, et cette forte féminisation s'observe dans les pupitres montrant une dynamique de féminisation, en particulier les bois hors flûtes et les cors : il est observé une remarquable parité sur les pupitres des hautbois et bassons, (les femmes bassonistes sont majoritaires) et le pupitre des cors montre aussi une importante féminisation avec près de 38 % de femmes, une proportion comparable à celle des violoncellistes.

En revanche, le pupitre des clarinettes est, parmi les bois, celui qui est le plus rebelle à la féminisation, avec seulement, 20% de femmes.

La féminisation des orchestres australiens montre un profil similaire à celui des orchestres canadiens, avec une plus forte féminisation que dans les orchestres européens, avec là encore, les pupitres des hautbois, bassons (comme déjà observé au Canada et Royaume Uni) et cors (comme au Canada)  qui montre une forte féminisation, en plus des pupitres traditionnellement féminins (cordes hors contrebasses, flûtes et harpe).

dimanche 3 mai 2015

Femmes et orchestres symphoniques : orchestres du Royaume Uni


Après la France, le Canada et la Suisse, la place des femmes dans les orchestres du Royaume Uni sera analysée dans cet article.

18 orchestres du Royaume Uni ont été examinés dans le cadre de cette étude : la méthode de travail reste la même : recherche des différents musiciens sur les sites officiels des orchestres. Là encore, les résultats ont une légère marge d'erreur, liées à d'une part, quelques musiciens dont le prénom laissait planer un doute sur le sexe, sans possibilité de vérifier par une identification par photographie, ou bien la présence de postes vacants. Cependant, cette marge d'erreur n'est que peu significative.

Là encore, les femmes restent complètement absentes du pupitre de chef d'orchestre : sur 43 chef d'orchestres, seulement 2 femmes, et l'une est une assistante, l'autre une chef invitée : aucun directeur artistique de sexe féminin. Comme dans les autres pays, le pupitre de chef d'orchestre reste presque inaccessible aux femmes ; à noter cependant que c'est le London Symphony Orchestra qui a une femme chef d'orchestre assistant.

Les 18 orchestres représentent 1281 instrumentistes. Sur ces 1281 instrumentistes, 516 sont des femmes, soit 40% du total, ce qui reste comparable aux données observées dans les autres pays.
A noter cependant que le plus prestigieux d'entre eux, le London Symphony Orchestra n'a que 29 % de femmes.


Au niveau des différents pupitres, la répartition des femmes instrumentistes suit le schéma suivant :

Cordes

Violons : sur 432 instrumentistes, on compte 246 femmes, soit 57% : comme dans les autres pays, les violonistes sont en majorité des femmes, et près de la moitié de l'effectif féminin des orchestres sont au pupitre des violons: par contre, sur 94 violonistes identifiés "solistes", 47 sont des femmes, soit 50%, soit une proportion moindre que pour l'ensemble des violonistes.

Altos : Sur 154 instrumentistes, 70 femmes, soit 45 % du total ; sur 32 solites, 11 femmes, soit 34 % ; quasi parité pour l'ensemble, mais moindre proportion de solites par rapport au total.

Violoncelles : sur 137 instrumentistes, 69 femmes, soit près de 50 % : quasi-parité, mais là encore, les solistes ne représentent que 29% du total (10 sur 34)

Contrebasses : sur 99 instrumentistes, 23 femmes, soit 23 % ; sur 25 solites identifiés, 2 femmes, soit 8% du total.

La féminisation des pupitres des cordes suit la tendance générale observée dans les autres pays étudiés: majorité de femmes violonistes, quasi parité pour altos et violoncelles, mais plus faible proportion dans les contrebasses (quoiqu'avec 23 % de femmes chez les contrebassistes, le Royaume Uni est au dessus de la moyenne des autres pays.)

Bois

Flûtes : sur 49 instrumentistes recensés, 28 femmes, soit 57% du total ; comme dans les autres pays, les femmes sont majoritaire à ce pupitre qui leur est traditionnellement associé.

Hautbois : sur 48 instrumentistes, 26 femmes : les femmes sont majoritaires à ce pupitre, avec 54 % des instrumentistes : ce résultat est comparable à ce qui est observé dans les orchestres canadiens qui sont plus féminisés que d'autres orchestres, notamment dans le pupitre des bois.

Clarinettes : sur 45 instrumentistes, 8 femmes, soit 18% du total ; les femmes restent minoritaires au pupitre des clarinettes, qui est parmi les bois, le moins féminisé, comme dans les autres pays examinés.

Bassons: sur 43 instrumentistes, 14 femmes, soit près de 33 % ; les femmes restent minoritaires, mais elles sont relativement bien représentées.

Cuivres

Cors : sur 83 instrumentistes, 11 femmes, soit 13% du total

Trompettes : sur 50 instrumentistes, 2 femmes, soit 4% du total

Trombones : sur 51 instrumentistes, 4 femmes, soit 8 % du total

Tuba : sur 16 instrumentistes, aucune femme

Là encore, les femmes sont très peu présentes au pupitre des cuivres, et elles sont en moyenne un peu plus présentes au pupitre des cors par rapport aux autres.

Percussion : sur 58 instrumentistes, 5 femmes, soit près de 9% du total : les femmes sont très minoritaires, mais elles ont une petite présence.

Harpes : sur 14 instrumentistes, 10 femmes soit 71 % du total : la harpe reste le pupitre traditionnellement féminin.

Conclusion : la féminisation des orchestres britanniques et de ses différents pupitres montre les mêmes tendances observées : près de 40% du total des instrumentistes, avec une présence importante dans les cordes, sauf les contrebasses, les flûtes et les harpes: on note cependant une présence non négligeable au sein des bois autres que la flûte, en particulier le hautbois, où elles sont majoritaires, à la différence de la France et de la Suisse. Comme dans les autres pays européens, très faible présence féminine aux cuivres et aux percussions.
Enfin, pratiquement aucune chef d'orchestre.

Là encore, les stéréotypes sur "instruments féminins" et "instruments non féminins" perdurent, même si il est constaté une présence significative, bien qu'encore faible, de pionnières dans les pupitres peu "féminins" des cuivres et percussions.


samedi 2 mai 2015

Femmes et orchestre symphonique : orchestres suisses


Dans le cadre de la comparaison de la féminisation des orchestres symphoniques, la féminisation des orchestres suisses a été étudiée.
10 orchestres ont été évalués : l'orchestre de la suisse romande, le Tonhalle de Zurich, la Philharmonia de Zurich, le Kammerochester de Basel, la Sinfoniette Basel, l'orchestre symphonique de Berne, l'orchestre de la suisse italienne, les orchestres de chambre de Genève et Lausanne, ainsi que l'orchestre de Bienne Soleure.

Aucun chef d'orchestre directeur musical femme dans aucun des orchestres.

Pour les instrumentistes : sur 799 musiciens, 313 femmes soit une féminisation moyenne de 39,1%
A noter la forte féminisation de l'orchestra Basel, avec près de 58 % des instrumentistes étant des femmes, dont une tromboniste et une tubiste.

Par instruments

Pour les cordes :

Violons : 280 instrumentistes dont 169 femmes, soit une féminisation de 60% : encore une fois, la féminisation de l'orchestre se fait essentiellement par le pupitre nombreux des violons: les violonistes représentent 35 % du total des instrumentistes, mais 54 % des femmes instrumentistes sont violonistes.
En revanche, elles ne représentent que 45 % des violonistes solistes (25 femmes sur 56 violonistes solistes)

Altos : 91 instrumentistes dont 46 femmes : près de 51 % des effectifs ; en revanche, elles ne représentent que 43 % des altistes solistes.

Violoncelles : 79 instrumentistes dont 30 femmes : elles représentent 38 % des effectifs; mais elles ne représentent que 16 % des violoncellistes solites (6 femmes sur 31)

Contrebasses : 53 instrumentistes dont 5 femmes : près de 10 % des effectifs, mais aucune femme soliste

Pour les Bois

Flutes : 30 instrumentistes dont 17 femmes : elles représentent près de 57 % des effectifs : encore une fois, le pupitre des flûtes est le plus féminisé parmi les vents.

Hautbois : 33 instrumentistes, dont 8 femmes : elles représentent 24 % des effectifs

Clarinettes : 36 instrumentistes, dont 4 femmes : elles représentent 11 % des effectifs

Bassons : 35 instrumentistes, dont 10 femmes : elles représentent 29 % des effectifs

Pour les Cuivres :

Cors : 46 instrumentistes, dont 4 femmes : elles représentent un peu moins de 9 % des effectifs
Trompettes : 33 instrumentistes, dont 2 femmes : elles représentent 6 % des effectifs
Trombones : 25 instrumentistes dont 1 femme  : elles représentent 4 % des effectifs
Tuba : 5 instrumentistes dont 1 femme  : elles représentent 20 % des effectifs

Percussions : 28 instrumentistes, dont 3 femmes : elles représentent 11 % des effectifs.

Harpes: 12 instrumentistes, dont 11 femmes : elles représentent 92 % des effectifs

Claviers : 3 instrumentistes, dont 2 femmes : elles représentent 67 % des effectifs.

En conclusion, la féminisation des pupitres suit la tendance classique : forte féminisation des pupitres des violons, flûtes et harpes, et féminisation très significative dans les altos et violoncelles (parité pour l'alto, près de 40 % pour les violoncelles). En revanche, très faible féminisation des autres pupitres, en particulier les cuivres et percussion, et féminisation médiocre des pupitres des bois non flûtes.

Quelques élements notables à signaler :
- le pupitre des bassons est plus féminisé que celui des bois plus aigus, tels que hautbois et clarinettes, avec presque 1/3 de femmes.
- la présence d'une tubiste femme, qui augmente très significativement la proportion féminine des tubistes, du faible de leur faible effectif.
- à la différence du Canada, et , dans une moindre mesure, la France, le pupitre des cors n'est pas significativement plus féminisé que celui des autres cuivres.


Là encore, comme dans les autres pays, les stéréotypes des instruments "féminins" et "masculins" persiste, et la féminisation des orchestres suisse est assez similaire à celle des orchestre français, qualitativement et quantitativement.

vendredi 27 mars 2015

Femmes et orchestres symphoniques : comparaison avec le Canada



13 orchestres canadiens ont été étudiés, aisni que la part des femmes au sein de leurs orchestres : l'orchestre symphonique de Montreal, l'orchestre de Victoria, l'oechestre symphique de Toronto, l'orchestre symphonique de Vancouver, l'orchestre philharmonique de Calgary, l'ochestre symphonique d'Edmonton, l'orchestre symphonique de Winnipeg, l'orchestre symphonique de Terre Neuve (Newfoundland symphony orchestra), l'orchestre de Nouvelle Ecosse (Nova Scota orchestra), l'orchestre symphonique de Saskatoon, l'orchestre symphonique de Quebec, l'orchestre métropolitain et l'orchestre de Regina.

1) Chef d'orchestre
Sur 30 chef d'orchestre, 3 femmes (10 %) et sur 13 directeur musicaux, 1 femme (8 %) : cela reste peu, mais la présence d'une femme (Tania Miller au Victoria orchestra) reste significatif pour le poste de directeur musical à haute responsabilité; cela mérite d'être mentionné

2) Musiciens

13 orchestres comprennent 843 musiciens, dont 380 femmes : la proportion totale de femmes est de 45 % : la parité homme femme est presque obtenue est cela est plus élevé que les 37 % observés en France

2-1) Cordes 

Violons : 261 musiciens dont 158 femmes  : Proportion femmes : 61 %
Violons solistes: 65 musiciens dont 34 femmes : Proportion femmes : 52 %


Altos : 94 musiciens dont 38 femmes  : Proportion femmes : 40 %
Altos solistes: 26 musiciens dont 7 femmes : Proportion femmes : 27 %

Violoncelles : 88 musiciens dont 43 femmes  : Proportion femmes : 49 %
Violoncelles  solistes: 28 musiciens dont 9 femmes : Proportion femmes : 32 %

Contrebasses : 66 musiciens dont 10 femmes  : Proportion femmes : 15 %
Contrebasses  solistes: 24 musiciens dont 5 femmes : Proportion femmes : 21 %

Total cordes  : 509 musiciens dont 249 femmes : Proportion femmes : 49 %

2-2  Bois

Flûtes : 34 musiciens dont 28 femmes  : Proportion femmes : 82 %
Hautbois : 33 musiciens dont 19 femmes  : Proportion femmes : 58 %
Clarinettes : 33 musiciens dont 13 femmes  : Proportion femmes : 39 % 
Bassons : 34 musiciens dont 14 femmes  : Proportion femmes : 41 %

Total bois : 134 musiciens dont 74 femmes : Proportion femmes :  55 %

 2-3 Cuivres 

Cors : 58 musiciens dont 26 femmes  : Proportion femmes : 45 %
Trompettes : 38 musiciens dont 5 femmes  : Proportion femmes : 13 %
Trombones : 36 musiciens dont 6 femmes  : Proportion femmes : 17 % 
Tubas : 13 musiciens dont 1 femmes  : Proportion femmes : 8 %


Total cuivres : 145 musiciens dont 38 femmes : Proportion femmes : 26 %

2-4 Autres

Percussions : 37 musiciens dont 5 femmes : Proportion femmes : 13.5 %

Harpes : 9 musiciens dont 8 femmes : Proportion femmes : 89 % 

Claviers: 10 musiciens dont 7 femmes : Proportion femmes : 70 %


3) Commentaires

La féminisation du groupe des cordes est similaire au Canada et en France (ainsi qu'aux Etats Unis) : forte féminisation: globale parité hommes- femmes, mais globalement, prédominance de femmes aux violons ; de manière interessante, par rapport à la France, inversions altos violoncelles : quasi parité aux violoncelles (contre 37 % en France) et 40 % altos (contre 51% en France). Les contrebasses sont le secteur le moins féminisé, avec 15 % de femmes (un peu moins qu'en France). Comme en France (et aux Etats Unis), le taux de féminisation des solistes est moindre pour chaque instrument que pour le total (excepté les contrebasses)

En revanche, dans la section des bois, le taux de féminisation est très important : 55 % : plus de la moitié : la section des flûtistes, instrument associé aux femmes est bien sûr la plus féminisée (82 %), mais les autres instruments montrent aussi une forte féminisation: 58 % pour le hautbois (femmes majoritaires) et les femmes occupent 39 et 41 % respectivement des clarinettes et bassons : par rapport aux orchestres français et américains, la proportion des instrumentistes femmes est plus élevée pour tous les instruments, en particulier les hautbois.Les flûtes représentent moins de la moitié du total des femmes instrumentistes chez les bois (38 %)

Le secteur des cuivres est bien sûr nettement moins féminisé, mais il est à noter que les femmes représentent 45 % des cornistes (quasi- parité) : comme en France et aux Etats Unis, le pupitre des cors est plus féminisé que les autres cuivres, mais en France et aux Etats Unis, la féminisation du pupitre des cors était nettement moindre.
De plus, si les autres pupitres sont moins féminisés, les femmes gardent une présence significative: 13 % des trompettistes, 17 % des trombonistes et 8 % des tubistes (une femme) : cela reste peu, mais cela est nettement plus élevé qu'en France et aux USA ; (les cors représentent 68 % des femmes cuivres)

Le secteur des percussions reste encore peu féminisé, mais les femmes représentent 13.5 %, nettement plus qu'en France et aux USA. Le pupitres des harpistes est bien sûr très féminisé, comme en France et aux US : 89 % (seul un homme harpiste); quant aux claviers, 70 % des instrumentistes sont des femmes.

Au final les orchestres canadiens sont non seulement plus féminisés que les orchestres français et américains, mais les femmes, au lien d'être essentiellement présentes dans les cordes , flûtes et harpes, montrent aussi une présence très significative à d'autres pupitres, comme les autres bois et les cors, et arrivent à dépasser plus de 10 % dans des pupitres très masculinisés tels que les trompettes, trombones et les percussions.

Si quantitativement,la différence de féminisation des orchestres semble peu importante entre le Canada et la France (et les USA), il est très significatif que cette différence résulte essentiellement de la plus grande importance des femmes au delà des pupitres traditionnellement féminins (cordes, flûtes, harpes), et donc une répartition plus homogène des femmes au sein des différents groupes : il est significatif que les femmes sont majoritaires chez les bois au Canada, contrairement à la France, et qu'elles représentent plus du quart des cuivres (dont presque la moitié des cors), contre moins de 10 % en France. De plus, à la différence de la France, les femmes sont représentées dans tous les pupitres de cuivres. 

De plus, si les chefs d'orchestres resent majoritairement des hommes, il est constaté une femme comme directrice musical, une percée à ce niveau.

Au final, la féminisation de l'orchestre est plus notable au Canada qu'en France, non seulement quantitativement, mais aussi qualitativement, avec une plus grande féminisation de tous les pupitres hors cordes par rapport à la France et une parité plus nette pour les bois et cors.